Petit compte-rendu dessiné de ma journée d'hier:
Pour situer les choses, dans le cadre de l'exposition des croquis d'audience qui aura lieu cet hiver au Centre Georges Pompidou (youpi!), en plus des dessins exposés il y aura pas mal d'autres choses et notamment une vidéo qui comportera des interviews de dessinateurs judiciaires et des images d'un dessinateur en action dans un tribunal (c'est bibi qui s'y est collé ) Au total une dizaine de dessins réalisés entre 13 h 30 et 16 h.
Voici donc quelques croquis que je peux montrer:
Pour commencer, le tribunal vide (en mode quasi-fish-eye) avant que les audiences ne commencent:
Un avocat qui plaidait à la barre:
Le greffier et l'huissier (non, non, vous ne rêvez pas, ce sont des femmes, mais a priori le féminin de ces termes n'existe pas…):
Une petite aquarelle du tribunal (président et ses deux assesseurs):
Avec en détail, le président dans une attitude très altière (c'étaient des affaires jugées en correctionnelle):
Pour terminer une petite scène avec du monde à la barre:
Voilà, je ne présente pas les autres dessins qui mettent en scène des accusés qui pourraient être reconnus (peu probable, mais on ne sait jamais…)
Sinon, je profite de ce billet judiciaire pour, une fois n'est pas si coutume que ça, faire un petit mot d'humeur: alors que je me désespérais de la tournure que prenaient les événements dans ce pays (lois qui passent en force, politique un rien dirigiste et absolue, réformes judiciaires pour le moins absconses, une certaine indécence dans la "victoire" et un mépris certain des autres, une constitution européenne — même si elle n'en porte plus le nom — qu'on ratifie par voix parlementaire malgré un avis populaire on ne peut plus explicite,…) et plus particulièrement la dérive totalitaire d'une certaine loi dite HADOPI qui aurait dû permettre à une Haute Autorité Administrative de prendre des sanctions judiciaires (si ce n'est pas du totalitaire et anticonstitutionnel, ça!), alors, donc, que je me désespérais, le Conseil Constitutionnel (les vieux de la vieille, pour ceux qui ne suivent pas, anciens présidents membres de droit et autres briscards notables) a montré qu'on ne pouvait pas ainsi bafouer la présomption d'innocence (enfin!) et qu'une autorité administrative ne fait pas loi et ne saurait se substituer à un juge. En clair: Hadopi peut espionner le net et ratifier aux pirates qu'elle dénichera qu'ils doivent arrêter leurs actions délictuelles, mais seul un juge peut décider de la mesure de rétorsion qui sera appliquée. Il y a encore une justice dans ce pays, c'est rassurant.
Un petit revers de médaille pour ceux qui ont écrit ce torchon texte, grands pourfendeurs de droits d'auteur au profit de droits d'exploitants industriels (je rappelle qu'en France le droit d'auteur inclut le droit patrimonial dont on fait beaucoup étalage, mais aussi le droit moral qu'on a un peu trop tendance à oublier, et que l'exploitation commerciale des droits fait surtout bénéfice aux diffuseurs et pas tant que ça aux auteurs qui ont souvent un point de vue bien plus proche du peuple qu'on ne voudrait le croire), et un grand pas pour le droit en France.
Sachant que Madame HADOPI (madame Christine Albanel de son petit nom) avait promis de démissionner si Hadopi ne passait pas (Cf. ici), et qu'elle a l'incroyable franc-parler qu'on lui connaît aujourd'hui (Cf. ici et plus particulièrement ici, lisez, c'est savoureux, surtout la dernière phrase…) pour remercier tous ceux qui l'ont soutenu, je me demande quel va être l'avenir de cette administration (Lopsi pointe le bout de son nez, y aura-t-il une autre tentative de faire passer "en force", à grands secours de parlementaires sympathisants ramenés d'urgence à l'Assemblée pour voter sur des bancs habituellement vides, un texte remanié pour contourner ce que le Conseil Constitutionnel a entériné?)… L'avenir nous le dira…
Voilà, fin du mot d'humeur, on retourne au boulot