Hier à 11h48 la rédaction de France 3 m'appelle:
— "Bonjour, vous pouvez assurer la couverture d'un procès cet après-midi? La séance reprend à 13 heures, il faudrait y être un peu avant, disons vers 12h50, c'est possible?"
Après un petit moment de flottement (je suis débordé, déjà en retard dans mes illus, et, apparemment, j'ai moins d'une heure pour préparer mes petites affaires, manger un bout et être là-bas à temps — sachant qu'il me faudra bien vingt minutes pour m'y rendre — alors qu'un gars doit passer dans 20 minutes pour vérifier l'état de mes fenêtres — oui, lecteur adoré, lectrice chérie, j'ai des soucis de fenêtre… maintenant tu sais tout sur ma vie intime…), après, donc, ce petit moment de flottement, je m'entends dire, presque malgré moi:
— "Euh… Oui, bien sûr…"
Et, paf! Me revoilà parti pour le tribunal pour couvrir la dernière partie du procès de Laurent Rœckel, accusé de dégradation de biens par incendie volontaire avec tentative de meurtre raciste à la clef…
Une fois sur place, la bouche encore plein des B.N. qui m'auront servi de repas de midi (décidément, lecteur adoré, lectrice chérie, tu sauras tout de ma petite vie…), passé le portique de sécurité où j'aurais été fouillé comme il se doit, entré dans la salle d'audience alors que les débats sont encore en cours, j'apprends que c'est la toute fin du procès: on en est à la réquisition de l'avocat général qui demande 10 ans… Je connais le déroulement d'un procès, il restera encore la plaidoierie de l'avocat de la défense, puis un éventuel dernier mot de l'accusé… puis ce sera terminé, le tribunal partira délibérer et la salle sera fermée en attendant la déclaration du verdict. Bref, je n'ai que très peu de temps devant moi (une grosse heure, je pense).
Je me lance donc dans un portrait de l'accusé que je vois assez mal dans son box, même si pour une fois je ne suis pas trop loin de lui. J'en profite pour croquer l'avocat général qui s'est lancé dans sa longue explication des thématiques profondes de ce qui est à juger. Un petit jus d'aquarelle… et il y a une suspension d'un quart d'heure. J'aurais eu en gros 20 minutes.

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La séance reprend donc comme prévu, j'ai pu négocier avec un des journalistes présent dans le "carré presse" de me céder sa place pour que j'ai une vue de presque trois-quart sur l'accusé. Je suis bien plus à l'aise, moins serré entre deux personnes et j'entame donc un peu plus sereinement ce troisième, et dernier, croquis. L'avocat de la défense commence sa plaidoirie, ce qui m'aura laissé environ 20 minutes…
Le dessin est assez ressemblant à l'accusé, je n'ai malheureusement pas (au grand dam du journaliste de France 3) pu voir le maillot de la Mannschaft du bonhomme. L'accusé ne pronocera qu'un bref "voilà…" en guise de dernier mot et tout le monde sera gentiment congédié.

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Et ce sera tout pour cette fois! Dommage de ne pas avoir été dépêché plus tôt sur place pour suivre tout le procès et avoir plus de "matière", mais la rédaction de France 3 est ravie: elle aura ses visuels de l'accusé et pourra montrer autre chose qu'une salle filmée vide ou des plans de coupe sur des micros et de dossiers entassés (les habituels plans d'un reportage sur un procès en cours…)

Je rentre chez moi, m'occupe des enfants, c'est déjà le soir. Le reportage est diffusé, avec mes dessins utilisés plusieurs fois, on me voit même en train de retoucher le portrait de l'accusé (petite mise en scène des journalistes) dans une salle vide. L'accusé écope de 12 ans… 

Une journée ordinaire…